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Chronique de Taxidriver

Visionnage de vie...

Des gens sans chiens.

Sbires.

(Article écrit il y a 1 an, un jeune homme est décédé suite un accident sur la route qui serpente le col de Tyzi N'tast)
I. Le réfugié.
L‘eau boueuse lui arrive au menton, il est là depuis un bon moment, dans cette fosse nauséabonde, des sbires menus de harpons de fer l’empêchent d’essayer de se dégagé de son calvaire, d’un moment à l’autre viendra le Caïd Haida ou Mouiss, qui s’amènera chevauchant un pur-sang Arabe, accompagné d’un scribe « 3ad’l » pour rédiger un acte de vente de tous les biens du bonhomme dans la fosse, en faveur du seigneur de la plaine Ouled Berhel, au Sous, pour avoir la vie « sauve », sinon la fausse engloutira le pauvre « résistant ».
Caids et autorités françaises...

Omar Bel’Hassan assiste à la scène de loin, il est sur la liste, il le sait, la plus part des siens ont signés ou engloutis, où aller ? Haida ou Mouiss est un puissant propriétaire de terres féodal de la fin du 19 me siècle, Omar ne peut lui échapper, il regarde autour de lui, un seule refuge possible : Les hauteurs du grand Atlas, ou habites les « berbères » alors que lui est arabophone des Ait 3allag…
II. Abdel'Aziz, le bon.
Abdel'Aziz aussi est mort, non pas par un tyran mais décédé suite à un terrible accident, son Ford trafique a fini dans un ravin juste avant le col de Tizi n’test, petit-fils de Omar l’arabe qui a trouvé refuge dans l’Aghbar, faisant le commerce de condiments, vagabondant entres les Douars perchés dans ces montagnes majestueuses coiffées de neige, il a épousé un superbe femme, dont la photo en noir et blanc qui remonterais aux années 40, agrandie et suspendu sur le mur dans la cour de la maison de Belhassan son fils, elle a l’air contente de voir tous ses descendants du réfugié "arabe" qui l’avait épousé et aimé, AbdeAziz n’avait que 21 ans, pleuré par toute la montagne d’Arghbar, il ne laissait personne sur sa route, qu’ils le payent ou non, il allait vendre la récolte de pommes que son père Bel’Hassan plante dans son domaine isolé du village berbère à coté, dont les maisons sont suspendues les unes sur les autres, ils sont en deuil pourtant les verres de thé et tajines de viande de chèvres"coulent "à flot !
Taxidriver n’a pas vu de chiens dans la région, pourtant Bel’hassan qui a perdu un fils vit isolement des autres sur la rivière dans sa plantation de pommiers et poiriers,  des portions de terre suspendus les unes sur les autres, couronnés d’une maison en pierre ardoises ou règne une chaleur humaine et de bétail…
Ces gens n’ont pas besoin de chiens méchants, ils hébergent l’intrus au lieu de le chasser, et ce n’est pas Omar qui dirait le contraire !
https://histoiredusudmarocain.wordpress.com/2014/12/25/haida-ou-mouis-caid-de-taroudant/
Col de Tizi n'tast.



 
III. Phil Collins des montagnes.
C’est dans le grands Atlas qu’il est  né, un village faisant partis d’un conglomérat de villages berbères, au  col de Tizin’tast …Aghbaar que ça s’appelle, à 3000 m d’altitude, la vie y est surement différente de celle que mènent les Casablancais..TD s’y est rendu en 1990, il qualifierait cette région de « BIO-CONTRY »…Seules les lecteurs de radio cassettes rappel le 20 siècle ! (comment était ce donc en 1970 , date de naissance de " Ayiiss "  ?)…Brahim et le seule garçons parmi les 5 filles  de Lalla Zaina et Si S’3eed..Une aubaine, dans cette région, les filles sont une « bonne » source de revenu, avec la récolte des noix.(guerguaa3) ou l’amandier (les céréales rarement cultivés), le maïs et des plantes médicinales…alors que le quotidien est subvenu grace à  des cultures de proximités  telles des tomates, patates…tous ce qui décorent leurs tajines et couscous…
Lalla Zaina à marié toutes ses filles sauf sa dernière Yamna ..je ne sais pour quels circonstances Si S’3eed amène Brahim et Yamna (~10 et 8 ans) à Casablanca et les place chez un famille Bedaoui ,chez Haj Bouchwirb, une de ces fameuses anciennes maisons de la Médina à Jam’3 ch’louh…Brahim est placé disciple dans l’entreprise de menuiserie d’un des fils du Haj, et la petite Yamna est sensée tenir compagnie à la Hajja  … les connaissances de TD sur cette périodes sont un peu vagues , mais il saura plus tard que Si S3eed est un as du Bendeer (percussion de forme ronde), Un des derniers des « Mohicans » de l' Ahwaach ..dance/chants  collective  …c’est en quelque sorte le « Maestro » d’une « ronde » de « Bendeeriers »…accompagnés parfois par un tambour-ier …et combien charmant, un flute-ier !!....
Bref, Brahim rentre parfois au pays, surtout quand Si S3eed viens le chercher pour l’Aid Elkebéer…(fête du mouton…ou plutôt du bouc !,car en cet Atlas , on lui fait sa fête au bouc, pas au mouton !)..le petit Brahim apprend l’Art du Bendeer, acquiert les rythmes de l’Atlas en regardant faire le maestro  Si S3eed …celui ci meurt dans les années 80 ...les jeunes frères continus leur aventure casablancaise, Brahim menuisier le jour, se donne à sa passion les soirs…
Bien qu’analphabète, il prend quelques leçons de batterie au conservatoire de Casa.. et fait ses débuts à des mariages, puis il abandonne peu à peu la menuiserie pour se consacrer à la musique …joue dans les Bars, les festivals régionaux …il acquiert le surnom d’ « Ayiiss »..(traduire :l’étalon, cheval serait mal placé !)….dans le domaine de la chanson Amazigh ,quand on se fait un label , c’est qu’on est apprécié !....Mais un nuage plane sur sa destinée, un Drame...

 Les lecteurs de cette chronique se demandent qu’elle est la relation entre taxidriver et Ayiiss ?...En 1990 TD épouse la douce et gracieuse Yamna sœur de Brahim (Ayiiss), un an plus tard TD se rend au col de Tizy N’tast..Aghbaar , assiste à un mariage sur place , voit Ayiiss à l’œuvre !..il a endossé son rôle de maestro ! le « bendeer » à la main, dirige la troupe d’Ahwaach …tape sur l’instrument pendant toute une soirée….un certain moment du sang coulait au long de son pousse ( le « bendeer » se joue avec le pousse dans un trou sur le coté de l’instrument)…sans qu’il ne s'en rende compte ! ..il était en état de transe totale !ce gars a le rythme dans le sang !!...c’était évident qu’il ne finira pas ses jours menuisier !...il chantait beaucoup aussi, imitant les chanteurs célèbres comme Igout AbdelHadi (Izenzaren) ou AbdAllah Oudaden …mais c est la batterie qui deviendra sa Christine à lui ! …sa longue taille et son ossature imposante ferra de lui le Phil Collins  des Amazighs et lui Valera le surnom de « l’étalon » (Ayiiss en Amazigh)…Joue avec plusieurs groupes , essentiellement Ait Baam’raan , participe aux enregistrement de plusieurs albums de ce groupe ou autres telle la sulfureuse Raissa Tachinweet entre autres …
Jusqu’au jour du19/06/2010, ou Raisse Houssein Taouss l’appelle pour se rendre à Rabat , avec d’autres artistes pour animer un mariage … Une Peugeot 205 conduite par Taouss lui-même (il n’avait eu son permis que récemment), Ayiiss les rejoins sur l’autoroute …Ayiiss se rappellera plus tard qu’ il n’avait pas fini de serrer les mains …tout s’est passé tellement vite , une mauvaise manœuvre du conducteur …la Peugeot se renverse et percute les rochers qui bordent la route …Brahim se souviens vaguement du violent choc..Puis plus rien !....
TD est dans le service des urgence « 20 Aout » IbnoRochd, on dirait le festival Timitaar d’Agadir, des figures de la chanson Amazigue se sont réunis là pour prendre des nouvelles des blessés …Brahim est le seule « blessé grave » à se qu’il parait ! …TD Réussira à approcher son gendre …du sang, un visage couvert par un gros coton !...TD s’approche , l’enlève …C’est pas beau à voir !...Une déchirure depuis le milieu de l’œil droit jusqu’au bas de l’oreille du même coté …TD reste placide à se surprendre, murmure quelques prières …la suite on pourrait facilement l’imaginer si on a affaire aux services de l’hôpital publique …on lui a banalement « cousu » le visage !...On l’oblige à quitter l’hôpital le lendemain même alors qu’ il est encore étourdis …Ayiiss passe deux mois de convalescence chez TD…toute la famille musicale Amazigh fait le pèlerinage chez lui, TD fait connaissance avec des figures qu’il voyait à la télé ou sur les affiches de CD …mais reste comme intrigués par les Sheekhaat (danseuses) , Raissaat (chanteuses) et leurs larmes aux yeux !
Cela lui rappel le film documentaire de son ami Ali Essafi intitulé « Domou3 Esheekhaat » (les larmes des sheekhaat) (le titre latin :Blues of shekhat)…Lui envois le SMS suivant :
« domou3 Sheekhat » se passe chez moi …
 

A+(merci)
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